Paru le 5 Févr. 2003
ISBN 2-84335-161-8
160 pages
16.50 euros
 
  La Vie voyageuse
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


Je marche sous un ciel de traîne
Un monde à portée de main
Ni fleurs ni couronnes
Corniche Kennedy
Naissance d'un pont
Tangente vers l'est
Réparer les vivants
A ce stade de la nuit
Canoës
  Maylis de Kerangal
  Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
C'est tout; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant


Antonio Machado
(mort en 1939 à Collioure
sur le chemin de l’exil)
 
  Le roman s'ouvre sur une fête de famille des Malauzier, avec ses rites grand-bourgeois, ses bonnes manières et ses traditions obsolètes qui pèsent sur les épaules de la dernière génération, incarnée par la trentenaire Ariane.
Prisonnière de cet imaginaire dynastique, l'héroïne travaille justement pour une revue mensuelle, L’Archiviste, spécialisée dans les recherches généalogiques. Elle y enquête sur le puzzle des origines d'autrui, en compagnie d'Emmanuel, un gratte-papier asexué. Le cul-de-sac d'une vie bien réglée, en apparence. Mais il suffira d'une incroyable tempête, à l'approche du troisième millénaire, pour déraciner tous les faux-semblants de cette arborescence familiale.
Jeanne Malauzier, vénérable dame à chapeau et tailleur Chanel, contacte sa nièce Ariane et lui propose de la payer pour retrouver la trace d'Ignacio Torres, exilé espagnol qui fut, il y a un demi-siècle, l'éphémère et secret amant de sa jeunesse guindée. Cédant à la curiosité, Ariane va bientôt abandonner la routine de son existence célibataire pour se mettre sur la piste de cette liaison clandestine. Et selon les principes des vases communicants, cette enquête par procuration va faire remonter à la surface un autre mirage sentimental, cet homme insaisissable qui hante Ariane depuis des années, Marc qu'elle avait tant idéalisé au sortir de l'adolescence, adoré presque malgré lui. Destins dédoublés, à une génération près, aux reflets miroitants et trompeurs.
En traquant le fantomatique amour de sa tante, Ariane va se perdre dans le Barrio Gottic de Barcelone, soutirer à l'anarchiste Juan Torres de précieuses informations sur son «traître» de frère, puis interroger l'épouse délaissée d'Ignacio, devenu pianiste de Casino à Enghien-les-Bains en 1975, avant de retrouver sa trace sur les Docks du Havre… À mesure que la filature d'Ariane progresse, la silhouette de Marc se fait plus présente. Les contours de son souvenir obsédant se précisent. Les pièces du puzzle se rassemblent. Jusqu'au terme du roman où, les quêtes parallèles d'Ariane et de sa tante vont finir par se croiser, se superposer... et enfin reprendre leur liberté.

Avec La Vie voyageuse, son deuxième roman, Maylis de Kerangal a écrit un livre d’aventures de l’intime. Elle nous fait partager une errance identitaire mélancolique et sensuelle qui rappelle la géographie sentimentale de certains films d'Antonioni. Dans ce retour sur soi de la mémoire amoureuse, rien n'est linéaire, tout n'est que détour et éternel retour, flash-backs prémonitoires et incertitudes rétrospectives. Et l'auteur, en plongeant le lecteur dans cet entre-deux indécidable du passé et du présent, a su brouiller les pistes pour mieux nous imprégner du désordre intérieur de son héroïne.