Paru le 15 Mai 2008
ISBN 978-2-07-078533-9
384 pages
21.00 euros
 
  Le bâtisseur
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


La Nage
  Thierry Vila
   
  Le bâtisseur est une biographie intellectuelle. Thierry Vila rend justice à Francesco Borromini, ce sculpteur et architecte qui est au Bernin ce que Salieri fut à Mozart : un éternel second, pourtant génial à sa manière. Borromini se donna la mort, consumé par l’amertume d’un destin sans grandeur. Admiré ou déprécié, le regard critique porté sur son œuvre tient au fait qu’il est tenu pour l’un des initiateurs du baroque « extravagant ». Ses détracteurs lui reprochent notamment l’emploi d’éléments architecturaux privilégiant la ligne courbe, hors de toutes règles établies. Certains d’entre eux inventèrent même l’expression « borrominesco », synonyme d’absence de goût et de jugement. C’est oublier que l’architecte dut souvent composer avec de sévères contraintes d’espace et d’environnement architectural. Le mouvement, l’incurvation de la façade et l’exubérance du décor ornemental de Saint-Charles-des-Quatre-Fontaines, témoignent de sa formation de sculpteur.
Le bâtisseur dont le style est certes moins baroque et plus classique que celui de Borromini, devrait toucher un large public cultivé. Certains des thèmes abordés dans ce roman, particulièrement le rapport entre religion et politique, résonnent avec notre actualité contemporaine. Francesco Borromini, lecteur d’ouvrages sulfureux comme ceux de Giordano Bruno, Kepler, Galilée ou Copernic est un croyant qui a la Foi du doute et qui s’étonne de voir les hommes se battre si volontiers pour la religion et vivre si peu selon ses règles.

Francesco Borromini, architecte et sculpteur italien est né en 1599 à Bissone (diocèse de Côme) et mort à Rome en 1667. Fils d’un architecte, il fut envoyé dès l’âge de neuf ans à Milan pour y étudier la sculpture. En 1615, il se rendit à Rome pour se perfectionner dans cet art auprès de Maderno, le sculpteur d’œuvres de marbre de la Basilique Saint-Pierre. Les dispositions étonnantes et 1e zèle du jeune artiste frappèrent bientôt le maître qui s’attacha à Borromini, et lui fit donner des leçons de géométrie en l’initiant à la composition d’architecture. Attaché durant quinze aux travaux de la basilique pontificale, Borromini, dépeint d’un caractère ardent et jaloux, et désireux de surpasser en gloire le Bernin, eut les faveurs du pape Innocent X qui lui fit faire de grands travaux. Francesco Borromini mourut en se frappant de son épée à la suite d’un accès d’hypocondrie, sans que l’on ne sache s’il s’agissait vraiment d’une mort violente volontaire.
Le mot « borrominesco » désigne, avec une sorte de dédain, le style tourmenté d’architecture de la décadence de la Renaissance italienne. Il consiste surtout dans les motifs d’ornementation et dans la bizarrerie des détails : des lignes brisées et des lignes courbes s’y substituent à des lignes droites; le beau et l’utile y semblent, comme à plaisir, écartés des inspirations de l’artiste pour ne laisser place qu’à l’agréable, au brillant et le plus souvent au bizarre. Le style de Borromini témoigne d’une recherche ardente de l’originalité et de la fantaisie.