Paru le 15 Janv. 2003
ISBN 2843351472
128 pages
14.00 euros
 
  Alice, la saucisse
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


  Sophie Jabès
  La richesse d’Alice, la saucisse réside dans la multiplicité des lectures que le roman suscite.
Lecture marxiste qui y voit le dérèglement d’une société de consommation génératrice de sa propre perte: vénalité des rapports humains et de la jouissance inséparable de la consommation.
Lecture psychanalytique qui peut décliner des interprétations à l’infini: régression orale sur une faille narcissique, maternité refoulée et retour à l’enfance; revendication phallique et angoisse culpabilisante face au sein de la mère résolue dans la propre absorption du sujet; inceste, oralité castratrice.
Lecture esthétique qui dans le saucissonnage lui même peut voir du body art, de l’hyper chic. En recherche d’absolu capable de combler le vide intense de l’être. Le détachement de l’âme...
Lecture mythique qui y repère sans effort les thèmes traditionnels du conte: l’enfant confronté à des parents qui ne l’aiment pas; recherche du prince charmant; la peur d’être mangé (Petit Poucet) qui se réalise parfois (Chaperon rouge).
Une lecture symbolique enfin qui ferait d’Alice le symbole de notre société contemporaine en pleine régression (fascination des années soixante-dix, mode des doudous en général et des oursons en particulier, refus de la responsabilité masqué par une demande de répression et d’autorité).
Iconoclaste et drôle, Alice, la saucisse est un roman sur les liaisons dangereuses de l’intimité et de la consommation.

Alice, une jolie fille d'une vingtaine d'années vit dans le culte de son corps qu'elle enduit chaque jour de crèmes et d'huiles parfumées. Elle se déhanche sur ses talons aiguilles dans les rues de Rome sous la fiévreuse appétence du regard des jeunes gens. Alice se sait belle et se prépare pour le Prince charmant qui saura l'aimer.
Alice a la mère méchante et le père désabusé. Une mère actrice qui parcourt le monde en quête d'amants musculeux, un père amoureux, mais malheureux, d'une jeune Croate.
Un beau jour, entre deux bières et trois sanglots, son père lui révèle que pour plaire aux hommes l'on doit, si l'on n'est pas belle, se montrer gentille avec eux. Celui qui l'a engendrée vient de lui apprendre qu'elle était laide, il ne lui reste donc qu'à s'inventer gentille, très gentille.
L'univers d'Alice s'effondre, ses rêves s'écroulent, une angoisse énorme creuse une plaie béante dans son ventre.
Comment combler cette angoisse ? En cédant à la boulimie, elle mange, encore et encore. Elle grossit, enfle, devient volumineuse. Elle en éclaterait sûrement si, dans son désir de comprendre ce qu'être gentille avec les hommes veut dire, elle ne s'essayait, en multipliant ses amants, aux plaisirs salés, parfois sucrés.
Alice, trompée par sa mère qui lui dérobe son amant le plus distingué comme le plus généreux, abandonnée par un couple d'éphèbes gémellaires plutôt dérangés, mange de plus en plus, tentant sans succès de remplir ce vide qui la terrifie.
Alice mange tant et si bien... que saucisse elle devient. Une superbe saucisse, grasse et majestueuse. Si moelleuse qu'elle finira par être dévorée par les frêres jumeaux, ses amants préférés qu'elle satisfait alors au-delà de leurs espérances en un repas orgiaque.
Trop gentille.

Une société onaniste à l'extrême, un corps présent jusqu'à en devenir obsessionnel, une filiation reniée, une faille narcissique avec régression orale, un profond sentiment de solitude et de désespoir, une recherche d'identité impossible à trouver sans le regard de l'autre, une négation du moi qui ne s'accomplit que dans la métamorphose, une dissociationdu corps et de l'(âme, unrenoncement à sa propre existence pour satisfaire le désir de l'autre. Tous ces symptômes contemporains font d'Alice, la saucisse