Paru le 12 Janv. 2006
ISBN 2-07-077569-0
352 pages
19.90 euros
 
  Contrefort
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


Un autre dieu pour Violette
  Laurence Werner David
  Depuis des années, Natacha et Yvan Aballain vivent retirés sur les hautes falaises de Tdjeldoy, petite île norvégienne des Lofoten. Frère et sœur, ils sont venus là, comme en exil, hors du présent du monde.
Ils y accueillent Cora Frantal, une amie d’adolescence, cinéaste en quête de projet artistique. Le réveil des étés passés dans le domaine familial des Aballain sera d’autant plus redoutable qu’un manuscrit, hantant les journées d’Yvan, puis tour à tour de Natacha et de Cora, révélera une double vérité que les liens d’autrefois avaient soigneusement tue.


« Jamais unis, jamais séparés », tel pourrait être le motif envoûtant de ce livre, quand le désir ne s'aiguise qu’au frôlement des zones frontières.
 

  L’œil diffracté de David Werner Laurence

Il y a des corps, des corpuscules que l’on ne voit pas tout de suite, quand on les voit. Une tache vibrante signale-t-elle un animal nordique ou une réminiscence ? Le temps que s’adapte la vision une histoire s’est inscrite, où des êtres poursuivent un désir inavouable leur tenant lieu de destinée.
Une aspérité du passé devait être l’origine. Premier point d’ombre depuis lequel les autres points s’assemblent en lignes, première trouée dans les surfaces opaques, géologiques, premier mouvement de lumière infléchi. Ainsi apparaissent les paysages. Le lointain et le proche se concilient dans une distance inaccessible, un temps excentré en boucle lâche.
Nous sommes dans le mouvement. Nous approchons l’objet convoité, son image, et si cette approche paraît immobile s’opère une translation d’un autre ordre, d’une autre qualité, sensorielle, affective, mémorielle. Mais l’approche est trompeuse : au fur et à mesure l’objet s’est enrobé de flou : on y est sans le voir, ou bien on n’y est plus en sachant avoir vu. Les entre-deux mêmes sont rongés par une substance dont on ignore si elle est promesse ou poison.
On sait que les photographies ne sont jamais prises au bon moment : une série de clichés cernera sans l’atteindre l’exact instant voué à l’oubli, pâles imitations et pourtant preuves, rebuts et indices précieux. Pour y accéder l’écriture pose les choses en regard : c’est au milieu d’elles, dans le champ aveugle, que l’énigme continue de vibrer.

Patrick le Chatelier

article extrait de http://www.remue.net