Paru le 5 Févr. 2004
ISBN 2-84335-186-3
144 pages
16.00 euros
 
  Mes établissements
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


On est bien, on a peur
  Yaël Pachet
  Partir en quête de ses propres établissements, c’est, pour Yaël Pachet, sonder presque archéologiquement les origines successives de son architecture personnelle. Et répondre à cette lancinante question : qu’est-ce qui nous a établi ? Puisque s’établir, c’est se poser quelque part, n’en plus partir, ce livre est sans doute aussi une tentative d’épuisement d’un lieu à travers toutes ses variantes, scolaire et psychiatrique surtout. Et c’est encore une façon d’arpenter notre imaginaire social, historique et littéraire commun à travers cet établissement des établissements qu’est le monde pénitentiaire cher à Jean Genet.

 

  «J’avais bien sûr commencé par me demander ce que ça voulait dire un établissement. Je n’ai toujours pas compris. Cette confusion, pourtant, m’a protégée et permis d’écrire avec détermination. Comme s’il suffisait qu’un mot, un seul, soit perçu comme étranger pour que toute la langue maternelle, mordue par la dent du doute, devienne un outil avec lequel on puisse écrire.
Je voulais juste me mettre dans une situation d’interrogation : à la porte d’un établissement en quelque sorte, là où on se demande ce qu’on fait là. Puisque l’établissement est un lieu moral, où une règle est respectée ou ne l’est pas.
Constamment, peut-être, sommes-nous en train de rentrer ou de sortir d’un établissement. Depuis que j’ai écrit Mes établissements, je vois des établissements partout. La belle affaire. Et chacun de reconnaître un établissement, de le signaler, en vue d’on ne sait quel recensement utopique.
Je m’y attendais, je savais que ce livre jouait un jeu dangereux, qu’il allait décevoir cette fatale envie que nous avons, ce besoin de connaissance qui recouvre le désir, inavouable, de savoir de quelle manière nous allons mourir, et quand.
Le livre aussi, bien sûr, est un établissement. Mais établir un texte ce n’est pas seulement déterminer un texte final. C’est reconstituer, avec de l’imagination et un peu de science, une phrase archaïque, une phrase que l’on a tous tracé sur des cahiers d’écolier, une phrase sur laquelle on aura greffé à tort et à travers une glose étrange, longue, faite d’emprunts et de pertes, une phrase, timide et intrépide tout à la fois, qui tient en trois mots : je t’aime.»