Paru le 1 Oct. 1998
ISBN 2-84335-010-7
130 pages
14.48 euros
 
  Les Assassins de Durruti
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


  Sylvain Fourcassié
  Barcelone 92. Le journaliste Pere Delfour a quelques jours pour rédiger une vingtaine de feuillets sur l'implantation du Village Olympique dans la capitale de la Catalogne.
Mais Barcelone, c'est aussi la ville de son père, Felipe Moralles, qu'il n'a pas connu. Un typographe anarchiste, compagnon de Durruti, mort au combat dans les Asturies en 1948. Pere Delfour préférerait échapper au fantôme envahissant de ce père héroïque, mais le cynisme contemporain le remt sur les traces de la mémoire ouvrière de barcelone. Décidément, le masque prospère que promoteurs et architectes tentent de plaquer sur une Espagne qui n'en finit pas de digérer l'écrasement de l'utopie et le poids de Franco, tout cela ne fait que raviver d'anciennes plaies, d'anciens rêves, d'anciennes illusions.
Dans ce passé qui n'a pas soldé tous ses comptes, reste une histoire à la fois intime et collective...
Et voilà qu'un certain Ricardo remet à Pere Delfour un petit carnet où son père a consigné toutes les étapes d'un drame qui s'est joué entre 36 et 37. Ligne après ligne, Pere va découvrir une vérité insoupçonnable quant à l'assassinat de Durruti - l'homme-phare de la fameuse Colonne de Fer -, la réalité du mouvement libertaire et le piège où finissent bien des légendes.

Dans ce bref roman, Sylvain Fourcassié réussit le délicat pari de recréer un moment dans la grande Histoire, sans la travestir. Campant son personnage principal dans une Barcelone défigurée par le cauchemar post-moderne des Jeux Olympiques, l'auteur s'interroge: "Barcelone, ça faisait des siècles qu'elle tournzit le dos à la mer... elle dormait avec un trésor à ses pieds. Tu crois qu'on pouvait se payer un luxe pareil?" Face à cet avenir incertain, le passé a encore son mot à dire.
L'assassinat de Durruti reste, aux yeux de Sylvain Fourcassié, la pierre angulaire d'une histoire qui, se coupant des racines libertaires, tente d'oublier la mort lente du franquisme en se précipitant dans un modernisme échevelé.
Le constat est brutal:"Ils sont passés d'un bidonville horizontal à un bidonville vertical. C'est ça le progrès !"
D'une écriture tranchante, mais classique, ce roman, en forme d'enquête-fiction, n'est pas sans rappeler De Passage de l'écrivain mexicain Paco Ignacio Taïbo II.