Paru le 16 Févr. 2001
ISBN 2-84335-055-7
364 pages
20.00 euros
 
  Théorie de la déroute
 
   
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONS VERTICALES


Movi Sévaze
L'Industrie de la consolation
  Bertrand Leclair
  «Roman d’une théorie improbable plutôt que théorie d’un roman impossible, cet essai se veut le témoignage d’une expérience que l’on peut dire littéraire si l’on veut bien entendre que la littérature et la vie sont les deux faces infiniment réversibles d’un même ruban de Möbius. Théorie de la déroute, déroute de la théorie, dans la vie comme dans les livres…

Dans un café des confins parisiens où j’étais entré par hasard, alors que je terminais ce livre, une affichette placée en évidence au-dessus du percolateur annonçait le programme :
“La théorie, c’est quand rien ne fonctionne mais que l’on peut expliquer pourquoi. La pratique, c’est quand tout marche mais que personne ne sait comment. Ici, la théorie et la pratique sont réunies : rien ne marche, et personne ne sait pourquoi”. Le “ici” m’a semblé excéder largement les murs de ce bistrot (mon café était froid). La question, pour autant, n’est pas tant le pourquoi ou le comment fonctionne ou non “ l’univers communicationnaire ” qui est désormais le nôtre. La question est celle de la création littéraire (l’écriture et la lecture) au sein de cet univers qui l’évacue sans cesse, la renvoyant à un pur divertissement. C’est que cet “ autrement du monde ” qu’est la littérature en train de s’écrire et de se lire pourrait bien être le révélateur le plus efficace et le lieu même de la résistance la plus concrète aux idéologies dominantes en ce qu’elle est, comme l’érotisme facteur d’un échange irréductible aux normes de la communication ; elle est l’un des lieux privilégiés de l’altérité et d’une altération qui se joue dans la langue, cette langue que l’univers communicationnaire voudrait rendre transparente (jusqu’à rendre transparents les individus eux-mêmes, stéréotypes dans un monde de stéréotypes glissant à toute allure sur les autoroutes de la pensée).
Au plus sérieux, on pourrait dire que cet essai, s’il est le modeste livre d’heures d’un idiot du village global regardant passer les autoroutes, prétend pourtant travailler l’articulation entre le littéraire et le politique à la façon dont la littérature contemporaine, en tant qu’elle est un art, travaille les articulations, fondamentalement politiques, entre l’être et le devenir, entre l’intime et le social.»

Bertrand Leclair